Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
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Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier (1967)
L'auteur compile les témoignages qui ont servi, qui servent et qui serviront aux biographes pour raconter la vie de Marie-Antoinette depuis la Princesse insouciante aux moment où Elle fait face ...
On ne trouve dans ce livre ni un procès , ni un panégyrique. C'est seulement une évocation de la Reine telle qu'Elle paraissait aux yeux de Ses contemporains. Or Elle fut adulée autant que haïe et les témoignages qui nous sont parvenus sont le plus souvent empreints de passion , au point même d'être quelquefois mensongers.
Ce livre est passionnant. On dirait un documentaire écrit.
Bien à vous.
L'auteur compile les témoignages qui ont servi, qui servent et qui serviront aux biographes pour raconter la vie de Marie-Antoinette depuis la Princesse insouciante aux moment où Elle fait face ...
On ne trouve dans ce livre ni un procès , ni un panégyrique. C'est seulement une évocation de la Reine telle qu'Elle paraissait aux yeux de Ses contemporains. Or Elle fut adulée autant que haïe et les témoignages qui nous sont parvenus sont le plus souvent empreints de passion , au point même d'être quelquefois mensongers.
Ce livre est passionnant. On dirait un documentaire écrit.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
"Marie Antoinette en accusation" par Sabine Flaissier, Julliard, Collection Il y a toujours un reporter, 1967
Une biographie construite à partir de témoignages, dans le cas présent, passionnante à lire : le destin de Marie-Antoinette, au milieu de cette myriade et de ce maelström d'appréciations, nous apparaît clair dans sa malheureuse inéluctabilité : le double jeu infernal de Marie-Thérèse et Joseph II poussant d'une part Marie-Antoinette à un jeu d'influences et critiquant son interventionnisme d'autre part ; le tourbillon infernal des accusations de l'opinion publique ; l'impossibilité d'un secours : un Mirabeau certainement trop corrompu, un La Fayette narcissique et dévoré par l'ambition, un Fersen fidèle et dévoué mais qui ne comprend pas le sens de la Révolution Française, prisonnier de sa classe, qui provoque la chute définitive de Marie-Antoinette en rédigeant un trop manifestement guerrier Manifeste du Duc de Brunswick, le double jeu avec Barnave, amoureux secret, l'homme le plus intelligent de son entourage (l'homme le plus intelligent de la Révolution Française ?) qu'elle n'écoute pas assez (!) ; l'espérance qui finit par s'envoler, n'ayant été qu'un pion d'abord de sa famille puis du régime et des puissances étrangères. Marie-Antoinette face au fracas de l'Histoire !
Une biographie construite à partir de témoignages, dans le cas présent, passionnante à lire : le destin de Marie-Antoinette, au milieu de cette myriade et de ce maelström d'appréciations, nous apparaît clair dans sa malheureuse inéluctabilité : le double jeu infernal de Marie-Thérèse et Joseph II poussant d'une part Marie-Antoinette à un jeu d'influences et critiquant son interventionnisme d'autre part ; le tourbillon infernal des accusations de l'opinion publique ; l'impossibilité d'un secours : un Mirabeau certainement trop corrompu, un La Fayette narcissique et dévoré par l'ambition, un Fersen fidèle et dévoué mais qui ne comprend pas le sens de la Révolution Française, prisonnier de sa classe, qui provoque la chute définitive de Marie-Antoinette en rédigeant un trop manifestement guerrier Manifeste du Duc de Brunswick, le double jeu avec Barnave, amoureux secret, l'homme le plus intelligent de son entourage (l'homme le plus intelligent de la Révolution Française ?) qu'elle n'écoute pas assez (!) ; l'espérance qui finit par s'envoler, n'ayant été qu'un pion d'abord de sa famille puis du régime et des puissances étrangères. Marie-Antoinette face au fracas de l'Histoire !
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Nous en connaissons toute la tragique duplicité ...Eddy2000 a écrit: le double jeu infernal de Marie-Thérèse et Joseph II poussant d'une part Marie-Antoinette à un jeu d'influences et critiquant son interventionnisme d'autre part
... corrompu, avide, sans doute, mais sincère, j'en ai l'intime conviction ( car c'est un homme intelligent ) , dans son intention d'endiguer la tempête par lui et quelques autres déchaînée. Il change son fusil d'épaule en prenant conscience de la nullité d'Orléans. Il a couru le mauvais cheval, il fait volte-face. Et puis, il se verrait si bien Premier Ministre !Eddy2000 a écrit:le tourbillon infernal des accusations de l'opinion publique ; l'impossibilité d'un secours : un Mirabeau certainement trop corrompu
La Fayette est un cas aussi singulier et déroutant que Hérault de Séchelles. Mais de surcroît incohérent.Eddy2000 a écrit: un La Fayette narcissique et dévoré par l'ambition,
Le comprenne qui pourra, moi je n'y arrive pas.
Eddy2000 a écrit:
un Fersen fidèle et dévoué mais qui ne comprend pas le sens de la Révolution Française, prisonnier de sa classe, qui provoque la chute définitive de Marie-Antoinette en rédigeant un trop manifestement guerrier Manifeste du Duc de Brunswick,
Répétons-le, Fersen pousse à la rédaction ( par Limon ) de ce manifeste parce que Marie-Antoinette l'en conjure !!! Cela dit, c'est vrai, il pige couic à la situation et au sens de l'Histoire . Ses conseils pourtant tellement sincères, et dictés par l'amour le plus vrai, guident Marie-Antoinette droit dans le mur... C'est terriblement absurde .
Ah, taisez-vous ! C'est si désespérément vrai...Eddy2000 a écrit:le double jeu avec Barnave, amoureux secret, l'homme le plus intelligent de son entourage (l'homme le plus intelligent de la Révolution Française ?) qu'elle n'écoute pas assez (!) ; l'espérance qui finit par s'envoler, n'ayant été qu'un pion d'abord de sa famille puis du régime et des puissances étrangères. Marie-Antoinette face au fracas de l'Histoire !
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Mme de Sabran- Messages : 54624
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
... corrompu, avide, sans doute, mais sincère, j'en ai l'intime conviction ( car c'est un homme intelligent ) , dans son intention d'endiguer la tempête par lui et quelques autres déchaînée. Il change son fusil d'épaule en prenant conscience de la nullité d'Orléans. Il a couru le mauvais cheval, il fait volte-face. Et puis, il se verrait si bien Premier Ministre ! a écrit:
J'avoue ne plus savoir quoi penser de Mirabeau ! Parfois je le crois sincère comme Barnave, parfois je le vois comme une girouette comme Danton !
La Fayette est un cas aussi singulier et déroutant que Hérault de Séchelles. Mais de surcroît incohérent. Le comprenne qui pourra, moi je n'y arrive pas. a écrit:
Il m'arrive de penser que son cas est assez simple : il rêve de de pouvoir suprême, mais il est dépassé par la Révolution et ensuite il bute (se fracasse ? ) sur Napoléon ! Il doit alors revoir ses ambitions à la baisse !
Répétons-le, Fersen pousse à la rédaction ( par Limon ) de ce manifeste parce que Marie-Antoinette l'en conjure !!! Cela dit, c'est vrai, il pige couic à la situation et au sens de l'Histoire . Ses conseils pourtant tellement sincères, et dictés par l'amour le plus vrai, guident Marie-Antoinette droit dans le mur... C'est terriblement absurde . a écrit:
Oui, certains auteurs insistent sur le fait que le manifeste de Brunswick dépasse à ce moment-là les pensées de Marie-Antoinette qui serait plutôt attachée à la formation d'un Congrès des grandes puissances étrangères et à la concentration concomitante de troupes importantes aux frontières, plus une menace potentielle qu'une volonté aussi affirmée d'invasion et d'anéantissement ! Ce n'est que sachant pratiquement tout espoir perdu, qu'elle aurait alors fait preuve de prosaïsme et se serait alors résignée,voire aurait accepté, cette invasion comme la seule possibilité de salut !
Ah, taisez-vous ! C'est si désespérément vrai... Sad a écrit:
Oui, je sais ! Mais la vérité, même cruelle doit être écrite et affirmée !
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Eddy2000 a écrit:
J'avoue ne plus savoir quoi penser de Mirabeau ! Parfois je le crois sincère comme Barnave, parfois je le vois comme une girouette comme Danton !
Peut-être était-il les deux à la fois ? Ce n'est pas incompatible . Et du moins avait-il l'intelligence politique, la carrure d'un "décideur " et d'un meneur d'hommes . Peut-être aurait-il pu sauver la situation et nous acheminer vers une monarchie constitutionnelle, nous évitant le bain de sang? Le fiasco de Varennes fut un catalyseur de la Révolution. Il est permis de penser que, raisonnablement, Mirabeau aurait dû déconseiller à Louis XVI cette solution du pire. Or peu avant de mourir providentiellement, Mirabeau lui aussi conseillait la fuite ( mais par la Normandie ). C'est dire que Mirabeau, comme les autres, naviguait à vue. La bousculade des événements est aussi incohérente que les acteurs eux-mêmes de ces événements. Ils étaient confrontés à du jamais vu, jamais vécu.Eddy2000 a écrit:
La Fayette. Il m'arrive de penser que son cas est assez simple : il rêve de de pouvoir suprême, mais il est dépassé par la Révolution et ensuite il bute (se fracasse ? ) sur Napoléon ! Il doit alors revoir ses ambitions à la baisse !
Il se serait monté le bourrichon après les journées d'octobre ? Sa popularité à ce moment-là est effectivement immense mais je ne crois pas qu'il ait rêvé de pouvoir suprême, ou bien comme ministre peut-être, mais pas comme calife à la place du calife.Eddy2000 a écrit:Oui, certains auteurs insistent sur le fait que le manifeste de Brunswick dépasse à ce moment-là les pensées de Marie-Antoinette qui serait plutôt attachée à la formation d'un Congrès des grandes puissances étrangères et à la concentration concomitante de troupes importantes aux frontières, plus une menace potentielle qu'une volonté aussi affirmée d'invasion et d'anéantissement ! Ce n'est que sachant pratiquement tout espoir perdu, qu'elle aurait alors fait preuve de prosaïsme et se serait alors résignée, voire aurait accepté, cette invasion comme la seule possibilité de salut !
C'est ce que nous pouvons espérer, mais le fait est que Marie-Antoinette ( à toute extrémité ) ne voyait plus de salut que dans une intervention armée des puissances européennes .
Sur le Congrès armé, voyez notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3488-la-declaration-de-pillnitz-et-le-projet-de-congres-arme?highlight=congr%C3%A9s
... et sur le Manifeste de Brunswick :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1093-le-manifeste-du-duc-de-brunswick#26561
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Mme de Sabran- Messages : 54624
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
C'est ce que nous pouvons espérer, mais le fait est que Marie-Antoinette ( à toute extrémité ) ne voyait plus de salut que dans une intervention armée des puissances européennes . a écrit:
Oui effectivement, mais comme vous le dites, en dernière extrémité, au moment où elle a senti que tout était pratiquement vraiment perdu !
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
... en fait, dès la fin de l'été 1791, est-ce que je me trompe ?
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Mme de Sabran- Messages : 54624
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Mme de Sabran a écrit:... en fait, dès la fin de l'été 1791, est-ce que je me trompe ?
Dès la fin de l'été 1791?
Que nenni, chère amie!
La reine articule son discours post-Varennes autour de la nécessité de réunir un Congrès armé des Puissances. Le but du congrès est d’afficher la solidarité des monarchies européennes et leur soutien résolu à Louis XVI. Il doit permettre au roi de négocier en position de force et de s'imposer comme la seule autorité susceptible de rétablir l’ordre et de terminer la Révolution.
La première idée d’une force armée extérieure date de 1790 et de l'époque des notes échangées avec Mirabeau (dont Marie-Antoinette nous apprend au passage qu'il en est le promoteur). A cette époque le projet concerne les deux puissances indispensables à son succès: l’Autriche et la Prusse. Dans une lettre à Mercy du 12 juin 1790, Marie-Antoinette s'y réfère comme à un « point des plus raisonnables du plan de Mirabeau » et retient la possibilité d'engager ces puissances à paraître « NON PAS POUR FAIRE UNE CONTRE-REVOLUTION OU ENTRER EN ARMES ICI mais comme des garants des traités de l'Alsace et la Lorraine (…) ».
Il n’entre pas dans la politique de la reine de favoriser une quelconque invasion du territoire par des forces étrangères. Il ne faut pas que Louis XVI doive son royaume à des puissances qui réclameraient des compensations aux dépens de la future couronne de son fils ! Quant aux émigrés et à leurs initiatives militaires désordonnées, la reine ne leur fait pas confiance et elle écarte toute forme de tutelle qui viendrait de Coblence.
L’idée du Congrès était fragile, sans aucun doute, et pour deux raisons.
Tout d’abord, c’était présumer de la solidarité des cours européennes, alors qu’elles étaient aux aguets pour profiter de la déconfiture du "plus beau royaume de l’Europe"… A commencer par l’Auguste Maison, à qui Marie-Antoinette a tant sacrifié, cette Auguste Maison dont les très zélés Mercy et Kaunitz vont incarner la lâcheté.
Raison d’Etat, me direz-vous, sans doute aurez-vous raison.
Ensuite, c’était prêter au roi plus d’énergie qu’il n’en avait pour prendre la main et établir une Constitution monarchique sur la « base de la déclaration du 23e de juin (1789) avec les modifications que les circonstances et les événements ont dû y apporter » (Marie-Antoinette à Mercy, 3 février 1791).
Fragile, c’est certain. Mais en aucun cas la manifestation d'une politique belliqueuse « par nature ». Ce n’est qu’une fois la guerre déclarée que Marie-Antoinette s’y résout, consciente du piège dans lequel elle et le roi sont désormais enfermés, espérant sans doute la déconfiture rapide d’une armée désorganisée. C’est encore l’illusion d’un recours au roi comme arbitre en cas d’invasion qui doit alors prévaloir chez elle. Ce thème mériterait bien des pages et une analyse beaucoup plus fine à partir des correspondances à Mercy et Fersen, j'en suis conscient.
Excusez-moi de citer pour terminer un passage tiré de ma note de lecture suite au dernier livre (en date ) de Catriona Seth sur la correspondance entre Marie-Antoinette et Mercy.
J’y rappelle que le 2 mars 1792, Marie-Antoinette écrit encore à Mercy qu’elle regarde le Congrès « comme le seul parti utile et avantageux » .
La guerre, rappelons-le, est déclarée le 20 avril… Jusqu’à la veille de cette déclaration, Marie-Antoinette reste l’infatigable promotrice d’un Congrès armé: la menace de la guerre et non la guerre elle-même...
Bonnefoy du Plan a écrit:
Parfois, l’erreur de transcription est plus lourde de conséquence, comme dans la lettre du 12 juin 1790, où Marie-Antoinette s’exprime au sujet de l’appui qu’elle espère de l’Autriche et de la Prusse, et dans laquelle elle précise attendre cette aide «… non pas pour faire une contre-révolution et entrer en armes ici …». Le chevalier d’Arneth, repris depuis par tous et jusque dans le recueil de Madame Lever, avait écrit de son côté « non plus pour faire une contre-révolution et entrer en armes ici… », ce qui n’est pas du tout la même chose ! La version connue jusqu’ici suggérait en effet que – très tôt dans le cours de la Révolution – Marie-Antoinette avait envisagé l’hypothèse du recours à une intervention directe de l’Autriche et de la Prusse sur le territoire français, ou tout au moins qu’elle s’était ralliée à une telle idée.
Ce passage m’avait toujours posé question, car il ne collait pas avec l’insistance de la reine – et sa constance, dans les mois qui suivent – à réclamer la réunion d’un congrès des puissances. Congrès appuyé par la force, certes, mais pour exercer une pression concertée sur la France depuis l’extérieur, pas pour engager les puissances à envahir le territoire et les inviter à se partager l’héritage de son fils ! Cette rectification, portant sur un seul mot, est donc de grande importance dans cette édition. Elle contribue à redonner une cohérence au cheminement de la reine autour de l’idée du Congrès, un congrès qu’elle appellera de ses vœux jusqu’au 2 mars 1792 : « je persiste encore à regarder (le Congrès) comme le seul parti utile et avantageux ». Or nous sommes à six semaines à peine de la déclaration de guerre à l’Autriche ! Et Marie-Antoinette, prête pour l’épreuve de force, continue de privilégier la menace de la guerre et non la guerre elle-même… On ne retiendra certes pas la nuance au troisième étage de la Sorbonne, où l’on persiste à voir dans la trahison de 1792 la manifestation d’une volonté belliqueuse constante chez la reine, alors que la correspondance est claire et indique que cette alternative ne viendra que (bien) plus tard, alors que d’autres acteurs – motivés par d’autres buts – l’auront proposée, précisément pour enfermer Louis XVI et Marie-Antoinette dans un piège. La guerre, devenue inévitable, sera alors envisagée comme l’ultime recours par un couple royal acculé, menacé dans son existence-même et parfaitement isolé… Les derniers mots de la reine, dans la dernière lettre du recueil de Madame Seth illustrent tragiquement l’état d’esprit de Marie-Antoinette : « Je me plais à croire que je partage le sentiment qui vous attachait à ma mère. Voilà le moment de m’en donner une grande preuve en sauvant moi et les miens, moi s’il en est temps. » (4 juillet 1792)
Catriona Seth et la correspondance de Marie-Antoinette avec le comte de Mercy-Argenteau
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 388
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Merci Bonnefoy. Pour ma part j'ai toujours été frappée du peu d'importance, voir de l'absence totale, de ce congrès dans l'historiographie.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1487
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Merci, mon cher Bonnefoy, pour cette lumineuse ( comme toujours ) mise au point .
Certes, certes, tant que la Révolution piétinait et restait sur ce fragile statu quo mais, la situation devenant tout à coup plus critique, à quoi eût servi le Congrès armé si ce n'est à entrer en action ?
Cela me rappelle les troupes massées autour de Paris au printemps 89, non pas pour mettre la capitale à feu et à sang et écraser la Révolution dans l'oeuf ( comme le clamaient les libelles et Desmoulins : une Saint-Barthélemy des patriotes ) , mais simplement pour l'intimider.
Or que se passe-t-il ? La violence se déchaîne ( épisode de la Bastille ) et Louis XVI remercie les troupes et les renvoie dans leurs casernes.
Demanderait-on à ce Congrès armé de ne faire de même que de la figuration ?
Cependant, Marie-Antoinette est pleinement consciente de la menace à la clef : Il ne faut pas que Louis XVI doive son royaume à des puissances qui réclameraient des compensations aux dépens de la future couronne de son fils !
Quel dilemme !
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4718-marie-antoinette-lettres-inedites-de-catriona-seth?highlight=SETH
Vous souvenez-vous que j'y avais moi aussi mis en exergue cette dernière phrase de Marie-Antoinette à Mercy ?
Elle me fait froid dans le dos .
... et nous nous étions interrogés sur ce : en sauvant moi et les miens, moi s'il en est temps.
Bonnefoy du Plan a écrit:
Marie-Antoinette reste l’infatigable promotrice d’un Congrès armé: la menace de la guerre et non la guerre elle-même...
Certes, certes, tant que la Révolution piétinait et restait sur ce fragile statu quo mais, la situation devenant tout à coup plus critique, à quoi eût servi le Congrès armé si ce n'est à entrer en action ?
Cela me rappelle les troupes massées autour de Paris au printemps 89, non pas pour mettre la capitale à feu et à sang et écraser la Révolution dans l'oeuf ( comme le clamaient les libelles et Desmoulins : une Saint-Barthélemy des patriotes ) , mais simplement pour l'intimider.
Or que se passe-t-il ? La violence se déchaîne ( épisode de la Bastille ) et Louis XVI remercie les troupes et les renvoie dans leurs casernes.
Demanderait-on à ce Congrès armé de ne faire de même que de la figuration ?
Cependant, Marie-Antoinette est pleinement consciente de la menace à la clef : Il ne faut pas que Louis XVI doive son royaume à des puissances qui réclameraient des compensations aux dépens de la future couronne de son fils !
Quel dilemme !
Il faut lire et relire notre passionnant sujet ( et surtout VOS messages, cher Bonnefoy )Bonnefoy du Plan a écrit:Les derniers mots de la reine, dans la dernière lettre du recueil de Madame Seth illustrent tragiquement l’état d’esprit de Marie-Antoinette : « Je me plais à croire que je partage le sentiment qui vous attachait à ma mère. Voilà le moment de m’en donner une grande preuve en sauvant moi et les miens, moi s’il en est temps. » (4 juillet 1792)
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4718-marie-antoinette-lettres-inedites-de-catriona-seth?highlight=SETH
Vous souvenez-vous que j'y avais moi aussi mis en exergue cette dernière phrase de Marie-Antoinette à Mercy ?
Elle me fait froid dans le dos .
Mme de SabranMme de Sabran a écrit:... il me semble que des liens d'affection auraient pu se tisser tout naturellement entre eux, du fait de l'étroitesse de la relation Mercy / Marie-Antoinette, toute jeune, naïve, confiante et bonne . Peut-être ne serait-ce même que par ricochet de la véritable dévotion que Marie-Thérèse inspire à l'ambassadeur.
C'est aussi l'illusion que caressait Marie-Antoinette ...
Elle l'exprime ainsi à Mercy, le 4 juillet 1792 :
... je compte sur votre attachement . Je me plais à croire que je partage le sentiment qui vous attachait à ma mère. Voilà le moment de m'en donner une grande preuve en sauvant moi et les miens, moi s'il en est temps.
... et nous nous étions interrogés sur ce : en sauvant moi et les miens, moi s'il en est temps.
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Mme de Sabran- Messages : 54624
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Je ne perds pas non plus une miette de vos raisonnements, Bonnefoy.
Avec vous tout s'éclaire.
Avec vous tout s'éclaire.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 455
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
C'est vrai, tu as raison . Qui en parle ? Où çà ?Marie-Jeanne a écrit:Merci Bonnefoy. Pour ma part j'ai toujours été frappée du peu d'importance, voir de l'absence totale, de ce congrès dans l'historiographie.
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Mme de Sabran- Messages : 54624
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette en accusation de Sabine Flaissier
Bonnefoy du Plan a écrit:Mme de Sabran a écrit:... en fait, dès la fin de l'été 1791, est-ce que je me trompe ?
Dès la fin de l'été 1791?
Que nenni, chère amie!
La reine articule son discours post-Varennes autour de la nécessité de réunir un Congrès armé des Puissances. Le but du congrès est d’afficher la solidarité des monarchies européennes et leur soutien résolu à Louis XVI. Il doit permettre au roi de négocier en position de force et de s'imposer comme la seule autorité susceptible de rétablir l’ordre et de terminer la Révolution.
La première idée d’une force armée extérieure date de 1790 et de l'époque des notes échangées avec Mirabeau (dont Marie-Antoinette nous apprend au passage qu'il en est le promoteur). A cette époque le projet concerne les deux puissances indispensables à son succès: l’Autriche et la Prusse. Dans une lettre à Mercy du 12 juin 1790, Marie-Antoinette s'y réfère comme à un « point des plus raisonnables du plan de Mirabeau » et retient la possibilité d'engager ces puissances à paraître « NON PAS POUR FAIRE UNE CONTRE-REVOLUTION OU ENTRER EN ARMES ICI mais comme des garants des traités de l'Alsace et la Lorraine (…) ».
Il n’entre pas dans la politique de la reine de favoriser une quelconque invasion du territoire par des forces étrangères. Il ne faut pas que Louis XVI doive son royaume à des puissances qui réclameraient des compensations aux dépens de la future couronne de son fils ! Quant aux émigrés et à leurs initiatives militaires désordonnées, la reine ne leur fait pas confiance et elle écarte toute forme de tutelle qui viendrait de Coblence.
L’idée du Congrès était fragile, sans aucun doute, et pour deux raisons.
Tout d’abord, c’était présumer de la solidarité des cours européennes, alors qu’elles étaient aux aguets pour profiter de la déconfiture du "plus beau royaume de l’Europe"… A commencer par l’Auguste Maison, à qui Marie-Antoinette a tant sacrifié, cette Auguste Maison dont les très zélés Mercy et Kaunitz vont incarner la lâcheté.
Raison d’Etat, me direz-vous, sans doute aurez-vous raison.
Ensuite, c’était prêter au roi plus d’énergie qu’il n’en avait pour prendre la main et établir une Constitution monarchique sur la « base de la déclaration du 23e de juin (1789) avec les modifications que les circonstances et les événements ont dû y apporter » (Marie-Antoinette à Mercy, 3 février 1791).
Fragile, c’est certain. Mais en aucun cas la manifestation d'une politique belliqueuse « par nature ». Ce n’est qu’une fois la guerre déclarée que Marie-Antoinette s’y résout, consciente du piège dans lequel elle et le roi sont désormais enfermés, espérant sans doute la déconfiture rapide d’une armée désorganisée. C’est encore l’illusion d’un recours au roi comme arbitre en cas d’invasion qui doit alors prévaloir chez elle. Ce thème mériterait bien des pages et une analyse beaucoup plus fine à partir des correspondances à Mercy et Fersen, j'en suis conscient.
Excusez-moi de citer pour terminer un passage tiré de ma note de lecture suite au dernier livre (en date ) de Catriona Seth sur la correspondance entre Marie-Antoinette et Mercy.
J’y rappelle que le 2 mars 1792, Marie-Antoinette écrit encore à Mercy qu’elle regarde le Congrès « comme le seul parti utile et avantageux » .
La guerre, rappelons-le, est déclarée le 20 avril… Jusqu’à la veille de cette déclaration, Marie-Antoinette reste l’infatigable promotrice d’un Congrès armé: la menace de la guerre et non la guerre elle-même...Bonnefoy du Plan a écrit:
Parfois, l’erreur de transcription est plus lourde de conséquence, comme dans la lettre du 12 juin 1790, où Marie-Antoinette s’exprime au sujet de l’appui qu’elle espère de l’Autriche et de la Prusse, et dans laquelle elle précise attendre cette aide «… non pas pour faire une contre-révolution et entrer en armes ici …». Le chevalier d’Arneth, repris depuis par tous et jusque dans le recueil de Madame Lever, avait écrit de son côté « non plus pour faire une contre-révolution et entrer en armes ici… », ce qui n’est pas du tout la même chose ! La version connue jusqu’ici suggérait en effet que – très tôt dans le cours de la Révolution – Marie-Antoinette avait envisagé l’hypothèse du recours à une intervention directe de l’Autriche et de la Prusse sur le territoire français, ou tout au moins qu’elle s’était ralliée à une telle idée.
Ce passage m’avait toujours posé question, car il ne collait pas avec l’insistance de la reine – et sa constance, dans les mois qui suivent – à réclamer la réunion d’un congrès des puissances. Congrès appuyé par la force, certes, mais pour exercer une pression concertée sur la France depuis l’extérieur, pas pour engager les puissances à envahir le territoire et les inviter à se partager l’héritage de son fils ! Cette rectification, portant sur un seul mot, est donc de grande importance dans cette édition. Elle contribue à redonner une cohérence au cheminement de la reine autour de l’idée du Congrès, un congrès qu’elle appellera de ses vœux jusqu’au 2 mars 1792 : « je persiste encore à regarder (le Congrès) comme le seul parti utile et avantageux ». Or nous sommes à six semaines à peine de la déclaration de guerre à l’Autriche ! Et Marie-Antoinette, prête pour l’épreuve de force, continue de privilégier la menace de la guerre et non la guerre elle-même… On ne retiendra certes pas la nuance au troisième étage de la Sorbonne, où l’on persiste à voir dans la trahison de 1792 la manifestation d’une volonté belliqueuse constante chez la reine, alors que la correspondance est claire et indique que cette alternative ne viendra que (bien) plus tard, alors que d’autres acteurs – motivés par d’autres buts – l’auront proposée, précisément pour enfermer Louis XVI et Marie-Antoinette dans un piège. La guerre, devenue inévitable, sera alors envisagée comme l’ultime recours par un couple royal acculé, menacé dans son existence-même et parfaitement isolé… Les derniers mots de la reine, dans la dernière lettre du recueil de Madame Seth illustrent tragiquement l’état d’esprit de Marie-Antoinette : « Je me plais à croire que je partage le sentiment qui vous attachait à ma mère. Voilà le moment de m’en donner une grande preuve en sauvant moi et les miens, moi s’il en est temps. » (4 juillet 1792)
Catriona Seth et la correspondance de Marie-Antoinette avec le comte de Mercy-Argenteau
Merci M. Bonnefoy du Plan. Votre exposé est le clair et limpide résumé de ce que j'ai pu lire sur le déroulé de ces événements !
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